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Ne m’appelez plus jamais SeaFrance

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Comment faire semblant de sauver une entreprise, tout en sachant pertinemment qu’elle est vouée à disparaître. A l’approche d’échéances électorales majeures, le volontarisme colbertiste confine à l’hypocrisie démagogique. En évitant un naufrage immédiat à la compagnie maritime SeaFrance, Nicolas Sarkozy réalise un habile coup politique, mais qui risque, in fine, de se retourner à la fois contre les salariés et les contribuables.

Au prix d’une volte-face spectaculaire, l’Etat a donc décidé de lancer une bouée de sauvetage à SeaFrance, filiale de la SNCF. Avant le week-end, la solution de reprise proposée par le syndicat CFDT de la compagnie sous la forme d’une coopérative ouvrière, était qualifiée par le ministre des transports de «suicide collectif». Trois jours après, l’Elysée décide de soutenir le projet «au mieux des moyens de l’Etat». Derrière ce changement de pied, la perspective du licenciement de quelque 800 salariés à quatre mois de l’élection présidentielle.

Grâce à une contorsion iconoclaste afin d'éviter les fourches caudines des autorités européennes de la concurrence, l’Etat se prête donc à un tour de passe-passe improbable, consistant à verser de généreuses indemnités de licenciement (50 à 60 000 euros par tête, selon le gouvernement) aux salariés à qui la CFDT demande qu’ils les réinvestissent immédiatement dans une Société coopérative et participative (Scop). Nicolas Sarkozy, prêt à financer Lip, on rêve !

Pour le président de la République, c’est tout bénéfice. Si ce renflouement de la dernière chance réussi, il sera le sauveur de Seafrance, après avoir été celui d’Alstom. Si ça rate, il sera grand temps de rappeler qu’il s’agissait d’un plan concocté par la CFDT, qui s’est obstinée à refuser les offres, qui paraissaient plus sérieuses sur le plan financier, comme celui de Louis Dreyfus Armateurs, associé à DFDS.

Mais la messe n’est pas dite. Il faut non seulement que les salariés acceptent de renoncer à leurs indemnités pour les réinvestir immédiatement dans la Scop, mais il faut aussi que le Tribunal, qui avait jugé en novembre que l’offre de reprise par les salariés n’était pas viable, change d’avis (l'examen du dossier, prévu mardi 3 janvier a été reportée au 9 janvier).

Si toutefois ces deux conditions étaient remplies, le montage de l’Elysée risquerait de trouver très vite ses limites sur le plan économique. L’Etat affirme que la cessation d’activité immédiate couterait plus cher que ce plan acrobatique. Certes, sauf que, quand on écoute les arguments des autres repreneurs, des concurrents, mais aussi des administrateurs judiciaires, sa crédibilité et sa viabilité sont pour le moins sujettes à caution. Il n’y a bien que Nicolas Sarkozy pour faire semblant d’y croire.

Pour les salariés, on ne peut que souhaiter un redressement miraculeux. Mais si le pire se réalise, la SNCF aurait été mis à contribution à perte et les salariés se retrouveront malgré tout sur le carreau. Le contribuable se retrouve donc en situation de financer au profit de SeaFrance un ballon d’oxygène bien fragile. Qu’importe, quand celui-ci se dégonflera, l’élection présidentielle sera déjà loin.


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